Un pirate de films recherché par Hollywood

Vierzon. Le Ciné Lumière est dans le collimateur d’Hollywood. Plusieurs films
y ont été piratés puis balancés sur le Net. La traque au pirate est ouverte.
Sur la toile, il s’appelle Fuck THX. En trois ans, il a piraté et mis en ligne plusieurs films projetés sur les écrans du Ciné Lumière de Vierzon. Qui se cache derrière ce pseudo ? Personne ne le sait. Toujours est-il que par son action, la seconde ville du Cher s’est construit une renommée – dont elle se serait bien passée – auprès des studios hollywoodiens.Tout commence en 2006. Francis Fourneau, gérant du cinéma vierzonnais, reçoit un coup de fil de la cellule anti-piratage d’un distributeur de films américain : « Son travail consiste à vérifier les œuvres qui circulent sur le Net, explique-t-il. Il faut savoir que la bande-son et les images de toutes les copies de films envoyées aux salles de ciné sont codées. La cellule a trouvé dans le monde quatre copies piratées de Spiderman 3, qui était alors à l’affiche. L’une provenait de Russie, une de Bangkok, une troisième d’un autre pays asiatique et une quatrième de France… de Vierzon ! »
Des dizaines de longs métrages ont fait l’objet du même procédé. Plus récemment, Walkyrie, Che, Yes, man ont ainsi circulé sur le Net grâce à Fuck THX, quasi aussitôt après leur sortie en salle. Comment s’y prend le pirate ? C’est tout simple. Il lui suffit de payer son ticket d’entrée, de s’installer confortablement dans la salle et de filmer l’écran avec un petit caméscope. Parfois, il se limite au son, récolté via un MP3, pour calquer uniquement la version française sur des images déjà piratées. La qualité d’enregistrement est loin d’être garantie mais elle contente les amateurs de cinéma qui rechignent à payer leur place. Ce phénomène, appelé « camcording », a pris une telle ampleur que les majors américaines ont sommé les gérants des salles concernées de prendre leurs dispositions, en particulier pour les films en avant-première ou en sortie nationale. Ils ont commencé à adjoindre aux copies des œuvres des jumelles à infrarouge pour traquer les pirates dans les salles. A Vierzon, le gérant a lui-même investi dans une deuxième paire de jumelles pour renforcer la surveillance. « On les sort ponctuellement, quand on projette des sorties importantes. »

Des jumelles à infrarouge pour traquer le pirate

Ce fut le cas récemment avec L’Age de glace 3, Là-haut ou encore, mercredi dernier, avec le nouveau Tarantino qui n’est pas encore diffusé aux Etats-Unis. Parfois, le distributeur envoie ses propres agents de sécurité : pour Harry Potter, la Warner Bros a dépêché deux « men in black » pour traquer le pirate du Ciné Lumière et s’assurer que le petit sorcier n’allait pas illégalement se retrouver sur Internet.
Le cinéma vierzonnais est désormais condamné à la vigilance maximum. Sous peine de ne plus recevoir les films de certains gros distributeurs, lassés par le piratage des œuvres. Régulièrement, Jean et Nicolas, les deux projectionnistes, font ainsi des rondes dans les salles, armés de leurs jumelles. « On peut voir un caméscope. Mais comment faire pour repérer un petit lecteur MP3 ? Le seul moyen serait d’avoir un appareil qui brouille l’électronique », avance Jean, qui n’aurait jamais cru, un jour, devoir jouer aux « gendarmes » et aux voleurs

Source: NR

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