Quand la Hadopi menace de faire grève !
Tout le monde la critique. Les internautes, la classe politique, les associations de défense des libertés sur la Toile, les artistes et les producteurs eux-mêmes ! Derniers en date : les ayants droit.
Alors que la Haute Autorité est censée défendre leurs intérêts par l’intermédiaire de la riposte graduée (les mails et les lettres recommandées d’avertissement) en débusquant les internautes-pirates, le lobby du cinéma réclame ni plus ni moins que la tête du secrétaire général de la Hadopi, Eric Walter. Son tort : avoir rédigé un rapport préconisant une légalisation du piratage en échange de la contribution financière de certains intermédiaires. S’agirait-il ni plus ni moins d’une reconnaissance officielle, à peine voilée, de l’inefficacité de l’institution dans la lutte contre le piratage ? Bref, depuis peu, sa prise de position le place dans le collimateur de la toute puissante Alpa (Association de Lutte contre la Piraterie Audiovisuelle), qui demande de facto sa démission. Et propose en lieu et place la nomination auprès des tribunaux de juges spécialisés dans la protection de la propriété intellectuelle.
Les lobbies sont puissants et surtout très influents. De là à dire qu’ils sont à l’origine de la décision que vient de prendre la ministre de la Culture, il n’y a qu’un pas ! Ainsi donc, Fleur Pellerin, la ministre, vient-elle de raboter la subvention accordée à la Hadopi : 6 millions d’euros pour l’exercice 2015, au lieu des 8,5 millions demandés. En période de restrictions budgétaires, tout le monde doit faire des efforts. Et vu la popularité de la Haute Autorité auprès du public, mais aussi de la classe politique, lui octroyer une rallonge serait vraiment mal perçu.
Aux abois, le chantage commence : pas de subventions suffisantes pour mener à biens les missions hadopiennes, c’est des emplois qui sont menacés ! Et au travers d’un courrier envoyé au Président de la République, ils menacent de faire grève !
Depuis quelques mois, la Hadopi communique à tout va ! Tout le monde l’aura remarqué.
C’est bien la première fois, depuis sa création, qu’elle fait autant – inutilement – parler d’elle. Et tout ce brouhaha n’a aucun écho auprès de sa ministre de tutelle, encore moins à la tête du gouvernement. Pourtant, ils devraient. Elle justifie ainsi sa raison d’être : étudier, proposer, sonder, promouvoir… Et c’est là tout le paradoxe : la Hadopi en fait trop et pas assez ! Et les ayants droit sont impatients et en colère : les résultats obtenus jusqu’à présent dans la lutte contre le téléchargement illégal sont insuffisants et le piratage continue de plus belle. Et que dire des consommateurs : alors que Netflix débarque en France, qu’en est-il de l’offre légale qui devait résoudre le problème du piratage ? Elle est aujourd’hui quasi inexistante. Malgré de vaines tentatives (on se souvient du fiasco de la Carte Musique Jeunes), c’est le statu quo. Aucune évolution notable depuis 2009 en dépit des sommes colossales dépensées !
Sources : NextInpact.com, France Info, L’Expansion
Auteur : eKlipZ
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